🏨 L'établissement

Le Mot de M. ABADIE

Par Webmestre LPOJM, publié le vendredi 14 octobre 2022 09:14 - Mis à jour le vendredi 14 octobre 2022 09:14
Vendredi 10 juillet 2020
 
Cette fin d'année est pour moi une fin de carrière dans le domaine de l’Éducation nationale mais ce n'est pas synonyme de fin d'activité.
 
Par la présente, je tiens à remercier toutes les personnes qui pendant mes cinq années à Jean-Moulin ont permis l'accueil, l'accompagnement et la réussite des élèves.
Un proviseur n'est rien sans les proviseurs adjoints, sans l'adjoint gestionnaire et agent comptable
Un proviseur n'est rien sans son assistante de direction
Un proviseur n'est rien sans les directeurs délégués à la formation professionnelle et technologique
Un proviseur n'est rien sans les conseillers principaux d'éducation, sans les infirmières, sans l'assistance sociale
Un proviseur n'est rien sans les assistants d'éducation, sans les personnels administratifs, sans les personnels d'intendance
sans les agents chefs et tous les personnels de la Région, au lycée dès 6 heures du matin
Un proviseur n'est rien sans les professeurs du professionnel, du technologique, du général, du CDI
Un proviseur n'est rien sans les membres du conseil d'administration qui s'investissent sans compter
Un proviseur n'est rien sans les services académiques et ceux de la Région
Un proviseur n'est rien et n'a aucune utilité sans les parents et les élèves
 
Merci à chacune et chacun
 
Je souhaite à chacune et à chacun d'excellentes vacances et bonne continuation pour la suite.
 
Pour viatique je vous offre un conte à méditer sur le Rien

Sagesse des contes

Le soufi et le premier ministre


Toute la cour est là, attendant l'arrivé du roi, quand un fakir soufi en haillons entre et va nonchalamment s'asseoir sur le trône. Le premier ministre n'en croit pas ses yeux.

- Qui crois-tu être pour entrer ici et te conduire de cette manière? Lui demande-t-il. Te prendrais-tu pour un ministre?

- Un ministre? Rétorque le soufi. Non, je suis bien plus que cela.

- Tu ne peux pas être le premier ministre, parce que le premier ministre, c'est moi. Serais-tu le roi?

- Non pas le roi. Plus que cela.

- L'empereur?

- Non, encore plus!

- Le Prophète , alors?

- Plus encore!

- Serais-tu Dieu?

- Non, je ne suis pas Dieu. C'est encore bien plus que cela.

- Mais il y a rien, au-dessus de Dieu!

- C'est exact, répond le soufi. Je suis ce Rien.

Raconté par Ramesh Balsekar, dans L'appel de l'Etre, p. 369.

Alain Abadie

Proviseur

 

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Béziers, 18 mai 2020, poème d'Anna de Noailles

Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Étendre ses désirs comme un profond feuillage, 
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage, 
La sève universelle affluer dans ses mains !

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs, 
Et goûter chaudement la joie et la douleur
Qui font une buée humaine dans l'espace !

Sentir, dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...


Anna de Noailles, "La vie profonde", dans le recueil Le Coeur innombrable,

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Béziers, le 23 avril de 2020

De la poésie, quoi d'autre que de la poésie, sous toutes ses formes, en ces moments

Le ciel, grand, plein de retenue splendide,
une provision d'espace, un excès de monde.
Et nous, trop loin pour nous laisser façonner,
trop près pour nous en détourner.

Là-bas une étoile tombe ! Et notre désir à la voir,
d'un regard bouleversé, rivé à elle et pressant :
Quelles choses ont commencé et lesquelles disparu ?
Quelles choses sont coupables ? Et lesquelles pardonnées ?


Rainer Maria Rilke, "Ciel nocturne et chute d'étoile", extrait du recueil Poèmes à la nuit

 

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Un article pour réfléchir en cette période de confinement.

 

Traduction de l'article du psychanalyste italien, Massimo Recalcati, paru dans La Reppublica (14 mars 2020)

La nouvelle fraternité

 Les nazis nous ont enseigné la liberté, a écrit Sartre au lendemain de la libération de l’Europe de l’emprise nazi-fasciste. Pour apprécier vraiment quelque chose comme la liberté, il faudrait donc la perdre pour la reconquérir ? N’est-ce pas ce qui est en train de se produire avec la terrible pandémie du coronavirus ? La leçon sans pitié que nous inflige l’épidémie ruine de façon très traumatique la conception de la liberté la plus banale et la plus communément partagée. Contrairement à notre croyance illusoire, la liberté n’est pas une sorte de « propriété », un attribut de notre individualité ou de notre Ego ; elle ne coïncide en rien avec la volubilité de nos caprices. S’il en était ainsi, nous serions aujourd’hui tous dépouillés de notre liberté. De même que nos villes désertes. Et si, au contraire, la diffusion du virus nous obligeait à modifier notre regard, à considérer les limites de cette conception « propriétaire » de la liberté ? C’est justement sur ce point que le Covid-19 nous enseigne quelque chose de terriblement vrai.

Ce virus est une figure de la globalisation ; il ne connaît pas de frontière, d’Etats, de langues, de souveraineté ; il infecte sans respect des fonctions et des hiérarchies. Sa diffusion est sans frontière, pandémique, c’est le mot. D’où la nécessité de dresser des frontières et des barrières protectrices. Non pas celles auxquelles nous a habitué le souverainisme identitaire, mais celles qui constituent un geste de solidarité et de fraternité. Si les nazis nous ont enseigné à être libres en nous privant de la liberté et en nous obligeant à la reconquérir, le virus nous enseigne, lui, que la liberté ne peut être vécue sans la solidarité, que la liberté déliée de la solidarité est pur arbitraire. Le virus nous l’enseigne, paradoxalement, en nous consignant dans nos maisons, en nous contraignant à nous barricader, à ne pas nous toucher, à nous isoler, à nous confiner dans des espaces clos. De cette façon, il nous oblige à reconsidérer l’idée superficielle que nous nous faisons de la liberté, en nous montrant qu’elle n’est pas une propriété de l’Ego, qu’elle n’exclut pas la contrainte mais la dépasse. La liberté n’est pas une manifestation du pouvoir de l’Ego, elle n’est pas une libération de l’autre, mais elle s’inscrit au contraire dans le lien. N’est-ce pas là la terrible leçon du Covid-19 ?  Personne ne se sauve seul, mon salut ne dépend pas seulement de mes actes mais aussi de ceux de l’autre.

N’en est-il pas toujours ainsi ? Etait-il besoin de cette leçon traumatisante pour nous le rappeler ? Si les nazis nous ont appris la liberté en nous en privant, le coronavirus nous enseigne la valeur de la solidarité en nous exposant à l’impuissance et à la vulnérabilité de notre existence individuelle ; personne ne peut exister comme un Ego fermé sur lui-même ;  ma liberté sans l’autre serait vaine. Le paradoxe est que cet enseignement advient justement par le biais de l’acte nécessaire de notre retrait du monde et de toute relation, de notre renfermement à la maison. Il faut au contraire valoriser la nature hautement citoyenne et profondément sociale, donc absolument solidaire, de cet isolement « apparent » qui, si l’on y regarde bien, n’est pas apparent. Non seulement parce que l’autre est toujours présent dans la forme même de son manque et de son absence, mais parce que cette auto-réclusion nécessaire est, pour celui qui l’accomplit, un acte de profonde solidarité, et non pas un simple retrait phobique-égoïste du monde. En fait, il ne s’agit pas du sacrifice de notre liberté mais au contraire du plein exercice de liberté dans sa forme la plus haute. Etre libre dans la responsabilité absolue que toute liberté comporte signifie en effet ne jamais oublier les conséquences de nos actes. L’acte qui ne tient pas compte de ses conséquences est un acte qui ne considère ni ne respecte la responsabilité, et n’est donc pas un acte profondément libre.

L’acte radicalement libre est l’acte que sait assumer et se sait responsable de toutes les conséquences qui peuvent découler de lui. Dans ce cas, les conséquences de nos actes concernent notre vie, la vie des autres, la vie du pays tout entier. Ce n’est qu’ainsi que notre étrange isolement nous met en rapport non seulement avec les personnes avec lesquelles nous le partageons matériellement, mais avec tous les autres, tout à la fois inconnus et frères. La terrible leçon du virus nous fait passer par force par la porte étroite de la fraternité, sans quoi liberté et égalité ne seraient que de vains mots. Dans cet étrange et irréel isolement, nous établissons une connexion inédite avec la vie de notre frère inconnu et avec la vie plus large de la Cité. C’est ainsi que nous sommes vraiment et pleinement sociaux, vraiment et pleinement libres

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A partir du lundi 16 mars fermeture du lycée. La continuité pédagogique sera mise en place en début de semaine prochaine.

En attendant il est important de respecter les gestes barrières: Mesures d'hygiène suivant l'expérience italienne.

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La journée "portes ouvertes" du samedi 7 mars 2020 va permettre à chacune et chacun de découvrir la richesse des formations de Jean-Moulin. Ce sera l'occasion de s'informer sur l'évolution des baccalauréats. Le nouveau baccalauréat général connaîtra ses premiers candidats en juin 2021 mais les évaluations ont commencé depuis janvier 2020 pour les élèves en première.

Une grande partie  des actions culturelles et des différentes activités du lycée se trouvent dans Moulin on line 

La communauté éducative de Jean-Moulin est constituée par plus de 3000 personnes (dont 2500 élèves). Les agents de la Région, les personnels administratifs, éducatifs, de santé, l’assistante sociale, les enseignants et les parents d’élèves permettent à notre lycée de vivre. Tous les personnels ont à cœur de mener les élèves qui nous sont confiés au plus haut de leurs possibles.

Pour l’équipe de direction

Le Proviseur

Béziers, le 03/03/2020

PS:

Lettre d'un collègue italien qui s'adresse aux élèves de son lycée.

Les autorités italiennes ont fermé les écoles, mais le virus le plus dangereux ne s’appelle pas Covid-19: c’est celui qui, porté par la peur, empoisonne les rapports humains. Prenant appui sur Manzoni, Domenico Squillace, directeur du lycée technique Volta à Milan, a écrit à ses élèves. Sa lettre a fait le buzz. Un délicieux antidote à la panique.